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Les sociétés à mission : des risques d'opportunités manquées


Photo de Brett Jordan sur Unsplash


Quatre ans après l’adoption de la loi Pacte qui a créé la qualité de société à mission, une étude KPMG montre un engouement certain (plus de 1000 sociétés à mission enregistrées à ce jour) mais un impact encore timide.


Si l’idée des sociétés à mission est inspirante, on ne peut ignorer l'impression de redondance avec les entreprises certifiées B corp, sociales, conscientes, ou encore adhérentes aux Objectifs de Développement Durable (ODD). L’idéal du Business For Good peut prendre différentes formes, leur problème majeur reste identique : le risque de déconnexion. Les entreprises qui sont étrangères à elles-mêmes ne peuvent se connecter avec les autres et avoir l'impact auquel elles aspirent dans le monde. Et cette déconnexion est la première cause d’opportunités manquées.



La déconnexion avec la nature de l'entreprise

Si on prend le cas des ODD, les objectifs seront difficilement atteints avant 2030. Décidé en haut par des institutions, cet agenda est loin de faire l'unanimité. Il ne résonne pas parmi la masse de la population et peine donc à mobiliser les potentiels sur le terrain. La raison d'être d'une société à mission doit être alignée sur l'activité de l'entreprise et la vision de ses dirigeants, non pas choisie sur catalogue, au gré des tendances ou par suivisme. C'est le principe fondamental pour qu'une mission ne devienne jamais un obstacle à la croissance économique, mais toujours une source évidente de créativité, adaptabilité, résilience, inspiration et originalité. Il y a des millions de missions sociales et environnementales importantes et valides. Et autant de façons pour les entreprises de contribuer aux challenges communs. Elles se doivent de saisir cette diversité de missions pour grandir en nombre. En effet, tant que les sociétés à mission seront vues comme marginales, leur existence sera toujours menacée. Mais au contraire, l'authenticité peut devenir le catalyseur pour la démocratisation de ce modèle d'entreprise.



La déconnexion avec la conscience globale

Doter une entreprise d'une raison d'être, c'est avant tout adhérer à une culture humaniste et une vision pour l'Humanité toute entière. La conscience globale reconnaît que même si on poursuit une mission, tout est interconnecté. Elle ne s'arrête pas au seuil de son entreprise, location, ou même pays. Il y a des implications sociales et environnementales derrière chaque achat, les pratiques des banques utilisées, et même la complaisance envers les politiques étrangères néo-coloniales menées pour favoriser certains secteurs ou acteurs économiques. On ne peut pas choisir une cause sociale et / ou environnementale et ignorer les contradictions dans ses relations avec ses employés, clients, partenaires commerciaux et le reste de l'Humanité en France et à l'international. Avoir une mission, c'est aussi questionner, reconnaître et supporter les mission des autres. C'est une mentalité d'égalité, de gagnant-gagnant. Pas de donneuse de leçon ou de domination morale où on continue à exploiter les faiblesses dans les autres entreprises, secteurs, populations, et pays, voire les maintenir dans la non-conscience et l'aliénation. Une société à mission ne peut s'épanouir que dans une économie à mission (ou purpose economy). Cet écosystème fonctionne sur une dynamique de co-création: employeurs & employés, business & clients, pays développés & pays en développement. Le vrai but commun est de tirer toute l'Humanité vers le haut, pas juste les intérêts occidentaux. Autrement, c'est du purpose washing.


La déconnexion avec leur clientèle idéale

Dans la mesure où c’est la demande qui détermine l’offre, les sociétés à mission doivent séduire une clientèle consciente pour pérenniser. Cette conscience implique une sensibilisation aux thématiques de développement personnel allant de la connaissance de soi et de sa propre raison d'être à sa place dans l'humanité et le monde. Il y a trois bénéfices immédiats à ces échanges entre entreprises et clients conscients.

D'abord, cela permet de construire une relation durable et épanouissante basée sur des valeurs communes et non pas que du transactionnel. Ensuite, une clientèle consciente peut utiliser son argent pour supporter des missions qui lui tient à cœur et faire un impact. Le pouvoir financier ne se manifeste plus dans l’accumulation de matériel, mais dans la possibilité d'investir, supporter, influencer et co-créer. Enfin, des clients soucieux de leur développement personnel et de repousser leur limites sont source de défi et créativité. Des entreprises à l’écoute de ce type de clients peuvent avoir un vrai avantage compétitif à travers des innovations positives au plus près des vrais besoins du potentiel humain.



La déconnexion avec leurs employés

Au final, l’impact que les entreprises aspirent à faire dans le monde commencera toujours dans ses propres locaux, parmi ses employés. Une mission commune à long terme donne à l'ensemble du personnel une direction pour rester stable face aux tendances éphémères. Cela crée de la résilience lors de périodes d'incertitudes économiques. Dans la compétition pour les meilleurs talents, être une société à mission est une singularité qui va motiver les employés passionnés et engagés à rester à leur poste, mais aussi attirer de nouveaux profils en quête d'un travail qui a du sens. Néanmoins, la raison d’être de l’entreprise ne se substitue pas à la raison d’être des employés et leurs missions de vie qui leur est personnelle et unique. Un employé dont la propre mission de vie est alignée sur la mission de la compagnie améliorera son bien-être, son potentiel et sera plus investi dans son travail et dans nos communautés et dans le monde. Et c’est un élément important qu'il ne faut pas sous-estimer dans la mesure où les ressources humaines sont la première source de richesse d'une entreprise.



Le risque de déconnexion est présent sous de multiples formes et c’est la raison pour laquelle au-delà de sa mission, l’entreprise doit mettre la conscience humaine et le développement personnel au cœur de la stratégie RH, culture, marketing/ communication et innovation.






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